• Le prix de la peur, Chris CARTER

     

    Quelques jours avant Noël, dans une église de Los Angeles, le cadavre d’un prêtre est retrouvé sur les marches de l’autel. Sa tête a été remplacée par celle d’un chien. En charge de l’enquête, le détective Rob Hunter découvre qu’un cauchemar récurrent hantait le religieux: qu’on le décapite…

    Bientôt, les cadavres s’accumulent. Noyée ou brûlée vive, chaque victime meurt de la façon qu’elle redoutait le plus. Comment le tueur pouvait-il connaître leur pire angoisse? Quel lien unit ses proies? De qui le serial killer cherche-t-il à se venger? Pour Rob, c’est le début d’une traque infernale au coeur de la Cité des Anges, à la poursuite d’un tueur déterminé à faire payer le prix fort à ses victimes, le prix de la peur.

    Ce roman met en scène un tueur qui traque ses victimes pour les faire mourir de peur, les tuer de la pire façon qu’il soit: de la manière dont ils ont le plus peur. Utiliser leur pire phobie. Un tueur particulièrement vicieux et sadique. Et déterminé.

    Un bon thriller même si une toute une partie de l’intrigue tient aux visions d’un personnage secondaire. Le personnage du flic est un poil caricatural, un peu genre Miami vice: beau gosse bourré d’intuition et de qualités humaines.

    Sinon l’intrigue fonctionne plutôt bien. C’est noir et glauque juste ce qu’il faut. Ce n’est pas une révélation mais une lecture agréable quand même.

     

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  • - Quand est-ce que tu avais prévu de nous en parler? As-tu pensé aux conséquences de ta décision? As-tu seulement compris qur tu vas tous nous mettre en danger?

    Molly était d’abord restée sans voix, la bouche ouverte, hébétée.

    - Un paquet de Noirs se sont fait lyncher, et pour moins que ça, ma petite fille! avait hurlé sa mère.

    Rentrée 1957.

    Le plus prestigieux lycée de l’Arkansas ouvre pour la première fois ses portes à des étudiants noirs. Ils sont neufs à tenter l’aventure. Ils sont deux mille cinq cents, prêts à tout pour les en empêcher.

    En 1954, la Cour Suprême des Etats-Unis rend inconstitutionnelle la ségrégation raciale dans les écoles publiques. Ainsi le Lycée Central de Little Rock (Arkansas) ouvre ses portes pour la rentrée de 1957 à neuf étudiants noirs, six filles et trois garçons, qui ont dû étudier parmi 2500 Blancs très hostiles. Tout sera fait pour empêcher Minnijean Brown Trickey, Elizabeth Eckford, Gloria Ray Karlmark, Melba Pattillo Beals, Thelma Mothershed, Ernest Green, Jefferson Thomas, Terrence Roberts et Carlotta Walls Lanier d’intégrer le lycée. Le gouverneur va même envoyer la Garde Nationale pour leur interdire l’entrée dans l’établissement. Le Président Eisenhower devra intervenir.

    Ce roman jeunesse se découpe entre la vision de Molly et celle de Grâce. Molly est l’une des 9 étudiants noirs (librement adaptée de la vie de Melba Pattillo), et va être harcelée et menacée. Grâce est une étudiante blanche scolarisée à Little Rock, plutôt populaire, qui va prendre du recul face aux évènements et ne va pas s’opposer ouvertement à l’intégration des 9. Son manque de mépris et de haine vis à vis des Noirs va lui valoir quelques ennuis.

    Une plongée en plein coeur de la ségrégation et d’une violence inouïe pour en abroger l’interdiction. Ces 9 étudiants noirs vont faire preuve d’un courage incroyable. Ils avaient entre 14 et 17 ans et ont supporté un déluge de haine insoutenable, et la menace plus que tangible du KKK. Bien sur, les faits ont ici été un peu lissés. L’histoire est romancée mais sans pour autant occulter la détresse et la volonté des 9 de Little Rock et la difficulté de cette année très spéciale.

    Un roman très intéressant, à conseiller à nos ados qui considèrent que tout leur est dû et prennent l’éducation comme une punition au lieu de se rendre compte du cadeau qui leur est fait.

    Un parallèle serait aussi intéressant chez nous avec par exemple (entre autres) les évènements entourant la Manif pour tous, et avec les dernières manifestations anti-GPA, même si le degré de violence n’est pas le même. Abolie la ségrégation?

     

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  • Avril 2001. Dans la cave d’une ferme miteuse, au creux d’une vallée isolée couverte d’une forêt dense, un homme est enchaîné. Théo, quarante ans, a été capturé par deux frères, deux vieillards qui ont fait de lui leur esclave. Comment a-t-il basculé dans cet univers au bord de la démence? Il n’a pourtant rien d’une proie facile: athlétique et brutal, Théo sortait de prison quand ces vieux fous l’ont piégé au fond des bois. Les ennuis, il en a vu d’autres. Alors, allongé contre les pierres suintantes de la cave, battu, privé d’eau et de nourriture, il refuse de croire à ce cauchemar. Il a résisté à la prison, il se jure d’échapper à ses geôliers.

    Quand Théo est libéré de prison, sa priorité est de se venger de son frère. Après une visite remarquée à l’hôpital où ce dernier est pensionnaire, il doit se faire oublier et va se cacher dans un petit coin de campagne. Il y trouve une petite pension tenue par des personnes âgées. Théo se met à la randonnée, et la patronne, qui semble le prendre à la bonne, finit par lui indiquer un p’tit coin où aller se balader. Le point de vue est superbe mais quand i s’avance sur le terrain, un vieux bonhomme le met en joue à la carabine. Quand Théo lui explique qui l’a envoyé là, le vieux se radoucit et lui offre un café. Un coup à la tête et il se réveille dans une cave. Et il n’est pas prêt d’en sortir.

    S’en suit un huis-clos prenant, stressant, oppressant mais mené de main de maître.  C’est macabre et sordide. J’ai dévoré ce livre! On a beau connaître l’issue de l’histoire dès le départ, on a envie de savoir pourquoi, comment… Folie, espoir, désespoir, rage, soumission, solitude, sont parfaitement dosés.

    Je sais que l’intrigue du héros séquestré au fond d’une cave on ne sait où par des désaxés a été vue et revue (comme « Au bout de la peur » lu il y a peu, par exemple); et qu’à priori ça a tout du réchauffé. Cette version-ci n’est pas d’une originalité délirante mais j’ai aimé le point de vue retenu. Il est vraiment bon. J’ai adoré.

    Sandrine Collette narre avec une maîtrise étonnante un huis clos étouffant. Elle a su, avec une sensibilité rare, par touches, brosser l’escalade de la terreur, l’imagination sans cesse renouvelée des humiliations […]. Roger Martin, L’Humanité.

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  • Jalouse, Audrey a décidé de faire de la vie de Rachel un enfer. Et rien, ni personne, ne semble pouvoir l’en empêcher… Elle se met à guetter les allées et venues de sa voisine. Quand elle la sait prête à sortir de l’immeuble, elle prépare une bassine d’eau. Elle la vide sur sa tête et l’entend avec jubilation remonter chez elle se changer. Lorsqu’elle l’aperçoit dans la rue en train de rentrer chez elle avec sa poussette double, elle brave le flot des voitures pour arriver avant elle au pied de l’immeuble: elle macule d’huile la poignée de la porte d’entrée…

    Parce qu’Audrey a décidé que personne ne devait venir occuper l’appartement voisin au sien (et surtout pas Rachel et ses deux filles) et parce qu’elle est d’une jalousie mal placée et paranoïaque, elle va tout faire pour faire déguerpir l’intruse: petites humiliations, coups bas, ragots, intimidation et finalement violences. Jusqu’à impliquer son fils dans ses tours pour insupporter la voisine.

    Voilà comme la jalousie de l’une peut virer en problèmes de voisinage, et comment cela peut très vite dégénérer. Surtout quand personne ne veut faire l’effort d’écouter ni de réagir (voisins, bailleur, policiers, justice).

    Un petit roman distrayant (199 pages dans la version Piment de France Loisirs), qui se lit rapidement. Mais je ne peux pas dire que ça m’ait emballée plus que ça.

     

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  • Frank Money est Noir, brisé par la guerre de Corée, en proie à une rage folle.  Il doit retrouver à Atlanta sa jeune soeur Cee, gravement malade, afin de la ramener dans la ville de leur enfance en Géorgie – « le pire endroit du monde » . S’engage pour lui un périple dans l’Amérique ségrégationniste des années 1950 où dansent toutes sortes de démons. Avant de trouver, peut-être, l’apaisement. Parabole épurée, violemment poétique, Home conte avec une grâce authentique la mémoire marquée au fer d’un peuple et l’épiphanie d’un homme.

     Pas plus emballée que ça par l’histoire de ce soldat noir vétéran de la guerre de Corée qui rentre chez lui. Dans les années 50 donc. Il souffre d’un syndrome de stress post-traumatique. La ségrégation en toile de fond définit l’ambiance. Tu sais, Noirs et Blancs séparés partout, pour tout.

    Home est l’histoire de son retour au pays, à Lotus, où sa famille s’est installée après avoir été chassée de chez elle. Un retour aux sources en somme, motivé par le sauvetage de sa sœur qu’il risque de perdre. La vie ne les a gâté ni l’un ni l’autre. Et il n’y a qu’eux pour veiller l’un sur l’autre.

    C’est un joli roman court, mais ce n’est pas trop mon trip en fait.

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  • Qui?, Jacques EXPERT

    1994, Carpentras, résidence pavillonnaire du Grand-Chêne. Un jours de mars, Laetitia Doussaint, 10 ans, est violée et assassinée. L’auteur du crime ne sera pas identifié. 2013. A la télévision, l’émission « Affaires non résolues » revient sur le drame de Carpentras. Quatre hommes sont devant leur écran. Tous les quatre habitaient le Grand-Chêne et faisaient partie du groupe qui a retrouvé Laetitia. Depuis dix-neuf ans, le souvenir de la fillette, de son corps martyrisé, les hante. Ce soir-là, de 22h25 à 23h28, ils se souviennent. Leurs épouses également. Certains secrets remontent à la surface, des suspicions, des non-dits, des regrets. Au terme de l’émission, le voile sera levé. L’un d’eux est le coupable du viol et du meurtre de Laetitia. Mais qui?

     Il y a 19 ans, la petite Laetitia a été violée et tuée. Son corps abandonné. Il y a eu une enquête, des suspicions, … Des erreurs, des culs de sac. Une scène de crime qui n’a pas été sécurisée, un voisin qui avoue sous la pression puis disculpé, un clochard instable qui lui aussi avoue le crime et se suicide avant finalement d’être lui aussi disculpé, gendarmerie, police, juges, médias, … Bref, le coupable court toujours. Mais d’ici peu il y aura prescription. Sans nouvel élément, l’enquête sera classée. Le commissaire est prêt de la retraite mais refuse de partir sur cet échec. Il lui reste quatre dossiers sur son bureau. Quatre coupables potentiels. Mais lui, il sait. Ce soir-là va être diffusée une émission consacrée à l’affaire. Tous seront devant leur télé. Et le commissaire compte bien faire craquer le coupable.

    Tous les ingrédients sont là, bien dosés. Suspens, rebondissements, infos distillées au compte-gouttes … C’est la vie d’un quartier et de ses habitants qui est disséquée. Ces gens qui sont maintenant propriétaires de pavillons qui ne valent plus rien. Quelques uns sont partis. La plupart n’avait pas d’autre choix que de rester. Tous se connaissent, se côtoient. Les enfants ont joué et ont grandi ensemble. Les hommes chassent ensemble et se retrouvent au bistrot…. Ces presque 20 années de doute ont détruit à petit feu cette petite communauté et fait vaciller les couples et les amitiés.

    J’avoue que jusque la fin, je n’ai pas réussi à me décider sur le coupable. J’ai douté de son identité jusqu’au bout. J’ai aimé la construction, le fait de changer de personnage (et donc de point de vue) à chaque chapitre. On passe d’un protagoniste à un autre, avec intercalés des chapitres « Elle » et « Lui »: le coupable et sa femme. Bien sur, ce qu’Elle et Lui racontent peut s’appliquer à chacun des quatre suspects. Chaque chapitre amène des indices, tu recoupes les infos et tu crois connaitre la solution, et paf, le chapitre suivant réduit à néant tes déductions. C’est comme ça jusqu’à la fin. Un bon polar.

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  • Pour Elodie, la transition entre l’enfance et l’âge adulte ne ressemble pas vraiment à une adolescence ordinaire. A douze ans, en sixième, elle partage quelques bières avec des camarades pour s’amuser, pour faire comme les grands. L’alcoolisme, dès lors, s’empare de sa vie. Boire devient son seul et unique centre d’intérêt: dérober de l’argent à ses parents pour acheter des boissons, planquer des bouteilles à proximité de tous les lieux qu’elle fréquente quotidiennement, lutter pour cacher sa dépendance à ses proches, défier l’institution scolaire en inventant des stratagèmes pour boire jusque dans la salle de cours…

    Et Elodie s’enlise. Elle opte pour les grands moyens, s’injecte l’alcool par intraveineuse. Elle s’enfonce aussi dans le mensonge, dans la violence, dans le mal-être. Guérie à force de volonté, Elodie met aujourd’hui son expérience au service des autres et se rend régulièrement dans les lycées pour témoigner, expliquer, prévenir.

    Je suis tombée sur cet ouvrage par hasard; il faisait partie d’un lot convoité parce que contenant deux thrillers. Et bon, moi et les thrillers, hein…

    Disons que ça refroidi. Il me semble qu’Elodie a maintenant 23 ans, mais c’est toujours terriblement d’actualité.

    Il faut dire quand même que le style est très plat. Il n’y a pas d’effusions de sentiments comme on pourrait l’imaginer. Elodie relate des faits. Point de vue stylistique, c’est plutôt un compte-rendu de son expérience.

    Elle explique comme il a été facile (horriblement facile même) de se noyer dans l’alcool, la vitesse à laquelle on devient accro, les subterfuges utilisés pour garantir sa consommation, les conséquences; rébellion, violences. Mais aussi le besoin de respect, la volonté de s’en sortir, les rechutes, …. Et puis tout ce qui l’a sauvée: l’écoute, le soutien sans faille d’amis, l’amour de ses proches. Toutes les personnes atteintes de dépendance n’ont pas cette chance.

    Ce livre est certainement parlant pour beaucoup de personnes addicts (quelle que soit l’addiction), ou pour leur entourage. Il pourrait peut être aider certains à ouvrir les yeux, donner des pistes de réflexion, être utilisé comme base de travail par des soignants, ou par les personnels enseignants ou policiers, qui sont amenés à être confrontés à l’alcoolisme des plus jeunes.

    Un livre intéressant sans aucun doute.

    « Comme aime à le rappeler mon ami Jacques Locry, le buveur est « intéressant » au début. Intéressant et heureux. Quand il a de l’argent en poche. Quand il paie des tournées. Quand il amuse la galerie. Là, il plaît ! Il régale. Il se fait aimer. On l’entoure. On lui veut du bien. On l’écoute. Puis le temps passe. La situation se dégrade tout doucement. Et bientôt le buveur n’a plus d’argent. Alors il n’invite plus. Il cesse d’être intéressant. Il ne fait plus rire personne. Il n’est plus aimable. Il encombre, même. Adieu, le boute-en-train ! Le gai compagnon est mort. Il ne reste plus qu’un gars qui vomit. Un homme à terre. Un pauvre type, seul, méprisé, abandonné. Un poivrot qui titube. Qui ne sait plus ce qu’il dit. Ni où il habite. Un être qui se pisse dessus. Qui sent mauvais. Un emmerdeur. Une chose. Moins qu’une chose. »

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